5 déc. 2012

Le fantasme de la vie étudiante

Ma vie étudiante n'est pas si typique de celle rêvée, filmée, sitcomée.

Je ne peux pas dire que je suis malheureuse, je ne suis pas sur le point de devoir danser nue devant de vieux libidineux ni de devoir vendre mon rein gauche voir même de passer sous un RER. Mais j'en ai assez d'entendre les gens (la cinquantaine fraîche et l'haleine beaucoup moins) me dire que la vie étudiante est la meilleure partie de ma vie.

Non ma vie étudiante n'est pas aussi cool que celle des personnages de Gossip Girl ou autre. Non, ma vie étudiante ne se résume pas à me trouver un mari futur avocat pour m'arrêter après ma L3 (trop tard d'ailleurs).Non, ma vie étudiante ne se résume pas à des fêtes alcoolisés, du sexe comme si il en pleuvait et de l'eye-liner qui a bien bavé. L'hymne de ma vie étudiante ne pourrait pas être le très fameux "Tik Tok" de Ke$ha. 

Récemment, Le Monde publiait un article sur la pauvreté des jeunes. En parlant de "jeunes" il fallait entendre ceux qui ne sont pas en étude, ni en école ou formation. Ceux qui par conséquent cherche du travail. Sauf qu'il est bien beau de parler de parler de la situation de ces jeunes, mais si on ne parle pas de ceux qui essaient de faire des études, écoles ou autre, on ne peut pas se rendre compte de la réelle précarité dans laquelle une grande majorité des jeunes vivent.

Je n'ai pas vraiment beaucoup d'argent, mais je suis déjà reconnaissante envers mes parents d'accepter de me financer. Sauf qu'en tant qu'étudiante désargentée, au revoir les weekends sympathique au ski avec mes amis, au revoir les retours surprises pour l'anniversaire de Mamie, au revoir viande charcuterie. En soi, mon régime pâte-beurre sans jambon, ne me dérange pas plus que ça. Il me permet de ne pas trop me couper de la vie sociale et de pouvoir aller une fois par semaine boire un verre avec des amis. Si je me débrouille bien, je peux même aller au restaurant pas cher. Ce n'est pas sain, je ne risque pas d'avoir un corps d'une Angel de Victoria Secret, mais je peux vivre comme ça, tant que ce n'est pas permanent (comprenez: tant que je peux rentrer tous les 3mois chez mes parents pour me remplir de tout ce dont je manque). 
Sauf que lorsque je tombe malade, mon budget assez serré (autant qu'un jean slim sur les cuisses d'une Kardashian) en prend un très gros coup. Si je passe juste pour un rhume, mon budget bouffe sur la semaine peut y passer. Si j'ai le malheur de devoir en plus prendre des médicaments, j'oublie le verre et le possible restaurant. Si j'ai mal aux dents, c'est plus compliqué et pour avoir des lunettes, je pense qu'un crédit ne serait quasiment pas de trop. Donc, en tant qu'étudiante je dois choisir. Manger et ne pas être le paria de la promo mais être sans arrêt malade, avec une vue qui baisse et des dents qui font mal. Moi je choisis de manger. Et je suis, effectivement, sans arrêt malade.

Être étudiant te permet aussi d'être un souffre-douleur gratuit pour certains de tes profs. Te faire rabaisser en dessous même du niveau de la mer te semblera normal. Rentrer chez toi en pleurant parce que tu es nul(lle), que tu n'arriveras à rien dans la vie, que de toute façon tu n'es qu'une feignasse (comme toute ta génération d'ailleurs), malpoli(e), maléduqué(e) et illettré(e). Il m'est déjà arrivée de pleurer en amphi (et je n'étais pas la seule) parce qu'un de mes profs nous avait fait une sympathique tirade sur le fait que depuis 20ans, aucun bon juriste n'était sorti de la fac, et qu'avec nous, ça ne risquait pas de changer. C'est donc vrai que vu comme ça, c'est super fun d'aller à la fac!

La vie étudiante fantasmée par les gens est assez souvent loin de la réalité. J'aime ma vie, même si je ne serais pas contre pouvoir me faire un steack une fois par semaine et pouvoir rentrer en France voir ma famille et mes amis plus d'une fois tous les 3mois. Je ne serais pas contre non plus d'arrêter mes insomnies dues au fait que je suis certaine de ne pas être compétente, en rien, de ne rien savoir et de ne jamais être à la hauteur. 

Être constamment persuadée et convaincue que l'on a pas d'avenir n'est pas des plus épanouissant. Cette impression nous est offerte par cette génération plus âgée, qui en plus de nous casser du sucre sur le dos et de nous accabler de tous les maux de la terre, nous envie notre statut si demandé, aimé et reconnu d'étudiant.